J’étais au Ministère de la Santé vendredi 29 septembre 2017 pour assister à une journée consacrée au Syndrome du Bébé Secoué.
Cette journée était essentiellement consacrée à l’actualisation des recommandations diagnostiques publiées par la Haute Autorité de Santé, après les précédentes recommandations de 2011.
En 2011, ces recommandations étaient surtout destinées à venir en aide aux professionnels de santé. En effet, l’adulte amenant le bébé aux urgences, dans un état critique alléguait parfois des chutes de faible hauteur, des manoeuvres de réanimation, voire des jeux. Mais naturellement, jamais n’avouait avoir secoué l’enfant.
Les auditions publiques menées en 2011 ont permis à la Haute Autorité de Santé d’écarter définitivement:
- les chutes de faible hauteur
- les manoeuvres de réanimation
- le jeu
comme pouvant être la cause des lésions cérébrales observées.
Depuis 2011, de nouvelles connaissances sur le SBS ont été apportées notamment une meilleure description des lésions cérébrales justifiant l’actualisation des recommandations.
Les critères diagnostiques ont été affinés. D’autres mécanismes récemment invoqués ont été éliminés tels les vaccins ( les auteurs du secouement allant jusqu’à soutenir que l’état du bébé était la conséquence d’un vaccin récent!).
Concrètement, le diagnostic de secouement est davantage documenté devant des symptômes neurologiques tels que certains types précis d’hématomes sous-duraux et d’hémorragies rétiniennes : une imagerie cérébrale (scanner en urgence puis IRM) et un examen du fond d’œil permettent de poser un diagnostic clair.
Par ailleurs, il a été rappelé qu’en cas de suspicion de SBS, l’enfant doit être considéré comme un traumatisé crânien grave. Il doit bénéficier d’une hospitalisation en soins intensifs pédiatriques, avec avis neurochirurgical.
Tels sont les messages essentiels qui ont été adressés aux professionnels de santé.
Côté avocat de victime, le bébé secoué est un traumatisé crânien grave dont les séquelles ne pourront être complètement cernées que plusieurs années après le secouement.
C’est la raison pour laquelle, en qualité d’avocat de l’enfant, ou de son mandataire ad hoc il importe d’avoir une parfaite connaissance de la spécificité du bébé secoué pour refuser la consolidation précoce, se battre pour obtenir l’aide humaine qui lui sera nécessaire tout au long de sa vie (parfois 24h/24), se battre pour obtenir des expertises confiées à des experts du bébé secoué, des expertises confiées à un collège d’expert comprenant un radio-pédiatre.
Les dossiers de bébé secoué ne sont pas des dossiers comme les autres.
Il nécessite une parfaite connaissance de leur problématique.