J’ai eu l’honneur d’assister devant la Cour d’assises de la Savoie du 28 au 30 novembre 2016 une jeune femme victime d’un viol, commis par son partenaire avec lequel elle était liée par un PACS.
Il s’agit donc d’un viol aggravé, pour lequel la peine encourue est de 20 ans de réclusion criminelle.
Plaider devant la Cour d’assises, faire entendre qu’une victime d’un viol conjugal n’est pas une demi-victime, que son préjudice est incommensurable. Faire comprendre qu’elle est salie, détruite, que son stress post traumatique est immense.
Faire entendre aux jurés composant la Cour ce que tout le monde sait déjà, mais oublie parfois (souvent): non ne veut pas dire oui.
Se refuser est son droit le plus strict. L’effraction du corps, même commise par un homme avec lequel on a eu un enfant est terrifiante, d’autant plus lorsqu’elle s’accompagne de violence, ce qui est souvent le cas.
Je voulais par ce billet, ainsi que je l’ai fait devant la Cour , saluer Madame T. qui a eu le courage d’affronter la Cour d’assises, elle si fragile ( intelligence limite comme l’ont dit les experts), si cassée par la vie, n’avait pas besoin de ça en plus, au palmarès de ses malheurs.
Madame T. qui avez tout oublié des faits, pour vous protéger, vous avez été formidable à la Barre. Avec vos propres mots, vous avez su décrire l’ampleur de votre souffrance: la saleté, l’odeur qui ne s’en va pas 4 ans après les faits, les bleus que vous seule pouvez voir. La peur aussi. Omniprésente.
Madame T., l’homme qui vous a sali a été condamné à 6 ans ferme.
Madame T. je dois vous avouer que vous m’avez émue aux larmes: votre histoire certes, mais votre dignité surtout face à cette impressionnante Cour d’assises
Madame T., grâce à vous, toutes les femmes victimes de viol doivent savoir qu’elles doivent porter plainte. Qu’elles ne sauraient taire plus longtemps ce qui les entraine dans des abîmes de souffrance.
Elles doivent garder confiance dans la Justice.